L’UDAF et son lieu ressource de la parentalité

Séverine, éducatrice de jeunes enfants nous présente le nouveau service petite-enfance de l’UDAF, dont elle est salariée, qui a la particularité de fonctionner en itinérance sur l’ensemble du département…
Elle nous raconte l’origine de ce projet, comment il se déroule et comment le réseau peut s’en saisir et contribuer à sa mise en oeuvre et son développement.
En attendant l’officialisation prochaine de son nouveau nom, voici tous les détails ou presque de ce nouveau lieu ressource pour la parentalité !

– Sur quelle initiative ce dispositif a-t-il été créé ?

En 2024, l’Udaf de la Creuse a répondu à un appel à projet de l’UNAF et lancé un projet innovant pour améliorer l’accès des familles vulnérables aux modes de garde de la petite enfance. Le projet de l’Udaf 23 visait à créer un service itinérant combinant un lieu d’accueil parents-enfants et une halte-garderie/crèche itinérante, afin de soutenir les familles en difficulté, notamment les familles monoparentales, les personnes en insertion, ou celles vivant dans des zones rurales isolées. Le service devait se déplacer dans différentes localités de la Creuse, en utilisant des salles communales ou des lieux publics, pour offrir une expérience progressive entre l’accompagnement parental et le mode de garde ponctuel. L’objectif était de favoriser la socialisation précoce des enfants, de permettre la création de lien social pour leurs familles et de faciliter la transition vers des structures de garde classiques, ou l’école. Le projet se concentrait sur les territoires ruraux les plus en besoin, tout en s’appuyant sur les ressources locales (comme les référentes familles des centres sociaux).

Quelles fonctions occupez-vous à l’UDAF ?

Je suis Educatrice de Jeunes Enfants, j’ai été recrutée en mai 2024 pour la préfiguration et la mise en place du nouveau service Petite Enfance de l’Udaf 23. Pour mettre en place le service, un diagnostic de territoire a été effectué au préalable, afin de recenser les structures existantes et les besoins non pourvus.

60 interlocuteurs ont été rencontrés : EAJE, Relais Petite Enfance, coordinatrices Enfance Jeunesse, chargé de coopération CTG, EPCI, EVS, Centres sociaux et référents familles, associations en lien avec le handicap, les droits des femmes, la parentalité.

Il ressort 4 besoins principaux identifiés parmi tous les besoins évoqués par les partenaires :

  • rompre l’isolement via un espace de socialisation de proximité
  • favoriser la qualité du lien enfant-parent et ainsi permettre la séparation
  • proposer des temps de répit
  • accéder à un mode de garde ponctuel.

Un comité de pilotage a été mis en place pour suivre la phase de diagnostic et de préfiguration. Le projet initial a été confirmé, mais avec une orientation plus affirmée sur la parentalité, la garde d’enfants étant secondaire.

Les membres du COPIL ont donc décidé de développer le projet en deux étapes :

  • Mise en place du “lieu ressource parentalité itinérant ” premier semestre 2025 (une salariée).
  • Développement du service, avec le projet de proposer un accueil sous forme de LAEP (avec deux accueillant-e-ts) et un service de micro-crèche itinérante associé, mi-2025.

La première étape consiste en un « lieu ressource parentalité itinérant », basé dans 5 communes cibles, sur 4 territoires prioritaires :

  • Le Pays Sostranien, le lundi à la Souterraine,
  • Marche Combraille en Aquitaine, le mardi à Lavaveix-les-Mines et le jeudi à Mainsat
  • Creuse Confluence, le mercredi à Boussac-Bourg
  • et Bénévent-Grand Bourg, le vendredi à Châtelus-le-Marcheix.

Le projet a été pensé en concertation avec les acteurs locaux et souhaite poursuivre un travail de mise en réseau avec les familles, le monde associatif, culturel, les partenaires sociaux et médico-sociaux. Il s’inscrit ainsi dans le cadre des politiques nationales et locales de la Petite Enfance, de l’Insertion et de la Lutte contre la Pauvreté. Ainsi, un financement a été accordé par la DDETSPP partenaire et financeur du projet, en complément du financement de l’UNAF, dans le cadre de l’appel à projet, et de la MSA dans le cadre de « grandir en milieu rural ».

La seconde étape dépendra de la fréquentation du lieu ressource, de ce qui est observé auprès des usagers et de ce qu’ils expriment en matière de besoins de mode d’accueil.

Après qqs semaines d’activité, que pouvez-vous nous dire du lieu itinérant de la parentalité :

Que peuvent ils y trouver ?

Cf affiche pour les horaires et conditions d’accès, et notice rédigée à l’attention des partenaires pour le détail de ce que le service souhaite proposer aux usagers.

Comment les parents s’en saisissent ?

En fonction des lieux, la fréquentation est variable. Il faut que les familles repèrent le service, osent venir voir. Les familles fragilisée et isolées sont souvent en retrait pour diverses raisons (craintes du contrôle, des jugements), elles ont de surcroît des difficultés liées à la mobilité. Dans le département les zones très rurales ne comportent pas ce type de service, donc il n’y a pas d’habitudes de recours (ni à un lieu d’accompagnement à la parentalité, ni parfois à un mode de garde – les familles gardent parfois les enfants jusqu’à ce qu’ils soient en âge d’être scolarisés). Certains le sont très précocement et pour d’autres c’est un choc de passer du foyer à l’école sans transition. Le besoin de répit parental (principalement maternel) est aussi ignoré voire l’objet de jugements. Il faut du temps pour s’y autoriser et envisager de confier son enfant.

Je remarque que les familles arrivant sur le territoire recherchent des lieux d’accueil et de soutien à la parentalité parce qu’elles en ont fréquenté auparavant.

Lorsque les familles ont franchi le pas de venir au lieu ressource parentalité, elles reviennent régulièrement pour retrouver un temps où on n’attend rien de particulier, juste du partage et du jeu.

Certaines échangent leurs coordonnées, se sont données des rendez-vous en dehors.

C’est aussi un espace pour discuter de leur accouchement, pour trouver un mode d’accueil, comparer leurs expériences.

Comment ont-ils connaissance de son existence ?

J’ai utilisé plusieurs supports : affiches, flyers dans les écoles, mairies, associations, travailleurs médicaux-sociaux ; articles dans la presse locale, radio locale ; FB.

Le « bouche à oreille » fonctionne bien, notamment pour les parents qui n’osent pas venir et viennent accompagnés d’une famille qui est déjà venue.

Quels retours que vous recevez par rapport à cette nouveauté dans l’environnement des Creusois, pouvez-vous nous partager ?

Lorsque je présente le projet, chacun des partenaires y voit une opportunité pour les familles.

Les élus parce qu’ils peuvent proposer un nouveau service à leur population.

Les écoles et crèches sont favorables à la mise en place d’espace de transitions qui pour le moment n’existent pas.

Les travailleurs médicaux-sociaux ont aussi vu dans le projet une opportunité d’ouverture progressive des familles vers d’autres horizons (crèche, reprise d’un emploi, rendez-vous médicaux, permis de conduire…)

Les familles touchées par le handicap peuvent aussi bénéficier de temps en petit groupe pour leur enfant qui n’a pas encore d’aptitudes à vivre en groupe une journée entière.

Je peux faire du lien entre les familles et les partenaires au sens large.

– Y a-t-il un message que vous voudriez passer au réseau ALISO ? une info ?

Sur certains lieux il y a un nombre de familles suffisant pour faire vivre le groupe et assurer une mixité et une socialisation, des échanges (Lavaveix-les-Mines est un espace très fréquenté). Sur d’autres lieux, j’ai une à deux familles régulières, mais pas de réel groupe pour l’instant. J’ai donc besoin de chacun des partenaires pour diffuser l’information au maximum sur leurs réseaux, voire accompagner des familles vers le lieu, une fois ou deux, pour faire connaissance et pouvoir revenir seuls ensuite. Cet accompagnement est essentiel pour que les publics visés puissent tester s’il y a un intérêt pour eux à fréquenter ce type de structure.

Je pense aussi proposer des temps un peu plus « thématiques » comme « prétexte à venir », autour de la motricité, la santé, l’éducation, la lecture, et ces moments peuvent être partagés avec d’autres associations pour guider les publics vers le lieu ressource. Donc, il ne faut pas hésiter à me contacter quand vous organisez un évènement pour que je vous donne des flyers, que je vienne ou que vous veniez me rencontrer.

www.udaf23.fr