Pratiques d’autogestion : ce qui ressort du cycle d’Ateliers d’échange et de capitalisation d’expériences en Creuse

D’Avril 2023 à avril 2024, dix structures en autogestion se sont réunies sur une série de quatre Ateliers d’échanges de leurs pratiques.
Ces ateliers, animés par Pivoine dans le cadre du DLA Creuse, ont été proposés dans la suite ou en parallèle de chantiers menés par certains collectifs pour améliorer leur organisation, leurs pratiques de décisions, le soin au collectif et aux individus qui les composent.

Chaque Atelier a pour but, en ciblant un thème, d’avoir un échange d’expérience approfondi, de repérer ce qui marche et ce qui gratte, pour repartir, à la fin de l’atelier, avec des pistes d’amélioration pour chaque structure ou participant.e., et avec des pistes d’exploration commune aux structures/ participant.e.s

Ces ateliers sont basés sur la contribution d’équipes autogérées de 3 à 30 salariés, évoluant au quotidien dans la structure, en tirant un revenu, des équipes qui affirment ou visent l’autogestion. Le choix a été fait d’y envoyer différents participants à chaque atelier, pour que chacun puisse avoir un temps de recul, d’effet miroir avec des membres d’autres collectifs, goûter à la culture de la reflexivité sur son vécu au sein d’un collectif. Cet échange d’expérience entre collectifs agissant dans des secteurs et métiers très différents (de la production aux services à la personnes) a permis de prendre ce recul sur ce qui traverse de manière commune ces dynamiques collectives, en travaillant ce lien entre vécus, situation émotionnelles, et logiques organisationnelles et structurelles, à la façon de l’approche par l’organidrame.

Après un atelier d’ouverture en Avril 2023 à Felletin, le second atelier de l’automne a eu pour entrée en matière la/les prises de décision en autogestion. Après avoir présenté les espaces mis en place, selon les structures, leur histoire, leur objet, a été abordé la question des processus de décision (gare de triage, traversée de rivière) mais aussi le suivi de leur mise en oeuvre.

L’atelier d’hiver a eu pour objet les pratiques autour des entrées et sorties de salariés dans les équipes. Quelle que soit l’activité, il faut soigner l’amont, le recrutement ou la cooptation font partie du processus. Le moment d’accueil et de la
prise de poste sont des étapes à soigner absolument, de nombreuse idées trucs et astuces, voire des protocoles clairs sont déjà en place dans les structures. Néanmoins, beaucoup s’accordent pour dire que l’autogestion est difficile à transmettre, ce sont des modalités pratiques, mais aussi une manière de penser, d’agir, de
l’attention et de la vigilance collective et individuelle. Une manière de travailler très exigeante en terme d’autonomie individuelle et de
responsabilités partagées. Quand ça dysfonctionne, cela peut être très lourd de conséquences puisque personne n’a la légitimité pour recadrer, sauf
le collectif, d’où l’enjeu à construire des formes et institutions solides. Notons aussi une pratique expérimentée dans certains collectifs : l’entretien individuel des salariés par un tiers extérieur, qui rend compte en synthétique au collectif ensuite.

L’atelier de printemps 2024 a porté sur les enjeux de coresponsabilité / répartition de la charge mentale. Une source de tensions véritables et constante, ce thème abouti à la question : A quoi faut il « perdre » du temps pour en gagner ? Les espaces de prise de recul, sans enjeu décisionnel, sont rares dans le quotidien des structures, que ce soit en terme de partage d’expérience, de
temps de régulation, d’analyse de la pratique, ces espaces étant rares ou absents, ça laisse la place aux difficultés individuelles,
relationnelles et aux difficultés structurelles de grandir sans possibilité de mettre à plat ce qui fait problème et permettrait de poser des
mots, dédramatiser et prendre en charge les sujets épineux.