Trois associations embarquent dans une recherche croisée sur leur rôle dans la dynamisation de territoires hyper ruraux
Située aux extrémités hyper rurales de la Creuse, éloignées des capitales préfectorales et
départementales, trois associations se sont engagées, sur 2024-2026, dans une démarche de recherche action portant sur la contribution du fait associatif sur les territoires.
Une démarche en écho à la récente étude de l’Insee sur le territoire rural du Parc de Millevaches en Limousin (Insee Analyses Nouvelle Aquitaine, Nov 2024), qui met en avant un regain d’attractivité de ce territoire ces dix dernières années, après une longue déprise démographique entre 1968 et 2014.
A l’origine de ce projet de recherche, l’association Les Plateaux Limousins, qui fête ses cinquante ans, s’interroge d’une part sur l’évolution de la dynamique associative depuis son origine, et d’autre part sur les engagements bénévoles se modifiant au cours des décennies.
Ces questionnements touchent à la définition du territoire d’intervention en ce qu’il varie en fonction des missions associatives (dans les années 1970 : création d’un lieu de rencontres et de festivités sur un territoire qui en est dépourvu, actuellement : accueil de groupes périscolaires communaux, lieu d’échanges sur les questions environnementales au niveau départemental, de formation pour les services civiques du Sud de la Creuse). Cela entre en résonance avec une question relative aux personnes bénéficiant des services de la seconde association impliquée dans cette recherche, le
Café de l’Espace. Pour ce dernier, la reprise associative du café du village, l’accueil de concerts
dans un espace hyper-rural, font que les utilisateurs de ce nouveau lieu modifient
nettement son territoire d’intervention au point d’élaborer des conventions avec des communes
extra-départemantales et extra-régionales. En parallèle, quinze ans après son ouverture, le Café de l’Espace s’interroge et travaille à partir du constat de l’absence d’adhérents communaux. Dans le Nord de la Creuse, l’association Déclic, en 2014, se donnait comme objectif « une revitalisation du territoire en contribuant au développement dans plusieurs dimensions : économie, lien social, vie culturelle, environnement, patrimoine. » En 2023, le nom de l’association se modifie pour être en adéquation avec ses missions qui se sont étendues sur plusieurs communes et devient Déclic Nord Creuse. Son objet évolue également, mettant davantage en avant le lien social via trois mots-clefs ‘accueillir, animer et accompagner’. Ses actions comprennent notamment un travail sur le réseau de soin en concertation avec l’intercommunalité des Portes de la Creuse en Marche et l’organisation d’une brocante et d’une boutique de producteurs locaux pour Noël.
Ainsi, si ces associations identifiées peuvent être définies comme locales, dans le sens d’une localisation communale, leur territoire d’intervention a évolué en fonction des bénévoles impliqués, des utilisateurs ou des salariés mobilisés depuis leur création. Il s’agit de comprendre ces réciprocités entre ces associatives et des territoires habités et vivants.
La connaissance des forces vives historiques, de leurs parcours d’engagement et de ce fait, de l’historique de l’association, donne-t-elle à voir différemment l’action actuelle et la mobilisation bénévole ? La mise en perspective de ces questionnements depuis la création des associations, avec des temporalités distinctes (cinquante ans pour les Plateaux Limousins, quinze ans pour le Café de l’Espace et dix ans pour Déclic) permettra de dessiner des géographies dynamiques en croisant les contextes sociaux, économiques et politiques des territoires administratifs (communes, départements, régions) et des associations. En effet, la création d’intercommunalité, le regroupement des régions ou les dynamiques migratoires dans le département de la Creuse ont une influence sur la dynamique associative qu’il s’agit de qualifier pour mieux la comprendre et y faire face.
L’option méthodologique engagée dès l’automne 2024 est celle d’enquêtes croisées, posant chaque association comme chercheur sur trois terrains d’enquêtes (le sien et celui des assos partenaires). La démarche de recherche de ces associations est accompagnée, dans ses aspects methodologiques et de prise de recul, par l’association Recherche En Ruralité et par le Crefad Auvergne, avec le soutien de l’Institut Français du Monde Associatif.
